Vous méritez une bonne correction !
Maxime Gillio Correcteur
Errare humanum est, mais pas professionnelle.

Ne jamais envoyer de manuscrit avec des illustrations ou des annotations à la main, ça énerve les éditeurs.
Il y a un argument que j’entends trop souvent, c’est : « Je n’ai pas le budget pour une correction » (et j’avoue que ce mantra me hérisse encore plus le poil quand il est balancé par un éditeur, j’y reviendrai).
Ben oui, une VRAIE correction, c’est un investissement, je le reconnais. Cela dit, vu que je passe en moyenne une dizaine de jours sur un texte, hein, je vais pas la faire à l’œil, la relecture.
Et souvent, cette phrase assassine est suivie d’un : « J’en ai pas besoin, je fais relire mes textes par un copain/ma mère/ma fille qui est étudiante », avec le top of ze pop : « J’ai une copine prof de français qui les corrige pour moi » !
Vous savez quoi ? J’ai été prof de français moi-même, formateur et maître de stage pour enseignants débutants, et je peux vous dire que si, selon toute logique, après le passage de votre copine prof, votre texte sera un peu plus propre qu’une copie d’élève de 3e, l’obtention d’un CAPES quel qu’il soit n’est pas, mais alors vraiment pas, gage d’une assurance grammaticale tous risques… Mais je m’égare.
Revenons-en donc à cette phrase magique, « je n’ai pas le budget pour », et divisons mes interlocuteurs en deux catégories.
Les particuliers :
Auteur débutant, à la recherche d’un éditeur, tu as dépensé une fortune en frais d’impression, de reliure et d’envoi (ouais, y a encore des chacals d’éditeurs qui refusent les fichiers numériques en 2016). Donc oui, jeune padawan, tu as claqué une somme non négligeable chez Duplix, et l’idée de devoir cracher environ 500 euros pour une correction te hérisse le poil, alors que ton colocataire qui est en licence de psycho (c’est te dire s’il est balèze en orthographe) peut te la faire à l’œil. Et puis caramba, quoi, on s’en cague un peu de la forme, après tout, ils le disent tous, sur les blogs : si le fond est là, si tu as écrit ton histoire avec tes tripes, que ton émotion transpire à travers chaque paragraphe (que tu auras oublié de justifier dans ta mise en page…), alors ça occultera les « petits » défauts de forme et ça suffira à convaincre l’éditeur.
Hé, mec, arrête la poudre de licorne, bienvenue dans la réalité du marché. Un éditeur lambda croule sous les manuscrits, les envois, les notes d’intention, les synopsis. Il se noie, a envie de se pendre quand arrive le courrier du jour, se shoote au Valium à l’idée de devoir ouvrir le raz-de-marée d’enveloppes (oui, bon, je dramatise un peu, mais c’est pour que vous ayez une idée précise du métier). Alors tu sais quoi ? Ben l’éditeur, c’est humain, il cherche à écrémer. À déblayer. Il élimine d’entrée tout ce qui a une sale tête. C’est une course contre la montre. Du coup, le manuscrit pas mis en forme, avec vingt-cinq fautes dès les deux premières pages, qu’est-ce que tu crois qu’il en fait ? Poubelle, recta ! C’est bête, si ça se trouve, t’as écrit le texte de l’année, ton intrigue est excellente, tes personnages chiadés, ton style pas mauvais. Oui mais voilà : l’apparence, mon pote. L’apparence !
Oui, c’est injuste, rageant, mais c’est ainsi. Tu veux donner un maximum de chances à ton texte de passer entre les mailles de la première sélection ? Rends-le aussi nickel que possible ! Parce que tu n’auras pas de deuxième opportunité. Tu imagines un premier RDV amoureux auquel tu te rendrais l’œil vitreux, une haleine de pingouin mort, pas épilé(e), le cheveu gras et fleurant bon l’époisses sous les bras ? Alors que si ça se trouve, t’es un super coup. Seulement, ton rancard ne le saura jamais, parce qu’il te laissera un 06 bidon avant de s’enfuir à toutes jambes.
L’image est assez parlante ? Si tu es persuadé(e) que ton texte est un bijou, offre-lui l’écrin qu’il mérite. Parce qu’un manuscrit qui donne l’impression d’avoir été bâclé, torché, négligé, a autant de chances d’être retenu par un éditeur que moi d’entrer dans les ordres. Théoriquement, c’est possible, mais au niveau des probabilités…
Bon, ami éditeur qui n’a pas de budget pour embaucher un correcteur, je ne t’oublie pas, mais je te consacrerai mon prochain billet. Parce que tu le vaux bien.
Bonjour ! Selon le code typographique en usage dans l’édition et la presse, l’acronyme Capes s’écrit avec une capitale initiale et la suite en bas de casse et non CAPES. Ainsi écrit-on Unesco. Par contre un sigle s’écrit bien en capitale, comme SGLCE-CGT (Syndicat général du Livre et de la communication écrite CGT ). Je ne suis pas correcteur, mais graphiste. J’ai donc fait travailler beaucoup de correcteurs… Bon travail !